Peux tu nous faire un bilan de ton activité depuis Noël ?
Le début d'année est toujours assez riche d'évènements, cette année particulièrement.
Nous avons validé dans un premier temps la fermeture de la boutique d'Odéon et le recentrage de toutes nos activités sur la boutique atelier de Courcelles. On a préféré y recentrer toutes nos activités afin de bénéficier d'un meilleur contrôle qualité et une meilleure gestion des produits. Surtout, c'était l'occasion de mettre toutes nos équipes ensemble afin de créer une meilleur synergie tant sur la créativité que sur la productivité et ainsi pouvoir optimiser notre travail.
L'hiver ayant été particulièrement froid, le temps sombre et les températures très basses, cela nous a gêné dans notre choix de végétaux, avec une fleur très chère, pas exceptionnellement belle, des vraies problèmes de culture. On a donc dû travailler auprès de nos partenaires producteurs et importateurs pour trouver les meilleures fleurs..
En ce début d'année, également, nous avons organisé en Hollande avec nos clients privilégiés, une visite du marché d'Aalsmeer, le plus grand marché aux fleurs du monde et la visite de producteurs inscrits dans le développement durable : pourquoi certaines roses sont plus chères que d'autres, plus belles également...
C'était intéressant de voir une production de fleurs en serres qui malgré tout s'inscrit dans un indice carbone négatif puisqu'il y a du rachat de Co2, récupération d'énergie etc.
On veut réellement renouveler cette expérience très enrichissante puisque les clients ont pu mesurer à la fois le circuit logistique, à la fois l'approche qualitative et en même temps approcher le développement durable.
Ce printemps a été marqué également par la signature du contrat avec le Shangri-La , qui ouvrira au mois d'octobre, ce qui nous a beaucoup occupé en ce début d'année sur la création de l'identité florale etc. Nous en sommes encore à l'ébauche de ce travail mais c'était justement très intéressant de travailler depuis un chantier complet. Nous avons pu bien appréhender et comprendre l'esprit que Shangri-La voulait donner à son hôtel parisien, le caractère historique du lieu et en même temps, comment, nous, nous pouvions nous inscrire dans cette réponse et créer une identité propre au lieu. Ce travail se poursuit actuellement pour réellement aboutir en Octobre.
Le printemps c'est aussi le moment où l'on travaille sur les grands décors de Noël compte tenu des importations, principalement de Chine. On doit boucler les grands décors de Noël prochain avant la fin avril. Comme dans la couture, la mode, on travaille très en avance afin de garantir à nos clients l'aboutissement de ces propositions.
Enfin, le soleil revient, on retrouve toute notre palette riche d'odeurs et de couleurs, des premiers verts acidulés aux verts plus sombres, les premières fleurs de jardin qui arrivent etc. On retrouve nos fleurs de producteurs locaux, avec lesquels on travaille depuis des années aussi bien sur les choix variétaux qu'ils peuvent envisager que sur les plans de culture...
On commence également la période des mariages, avec des beaux mariages notamment au Château de Condé, au Pré Catelan... On a l'impression que le mariage garde une identité forte, et on sent bien que les gens veulent faire de cet évènement un moment unique et personnalisé. On s'inscrit toujours dans cette démarche et mai/juin reste toujours une période riche en mariages.
Dans le grand évènementiel, tu as réalisé la déco de Noël d'un grand palace au Maroc, la Mamounia, peux tu nous expliquer comment se prépare un tel projet de l'autre côté de la méditerranée ?
C'était un projet très intéressant, tout d'abord parce que j'ai un attachement tout particulier pour la Mamounia, un hôtel que je connais depuis très longtemps ( il a fermé 3 ans pour réouvrir effectivement au sommet du luxe en se classant meilleur hôtel du monde ). Très tôt on a été inscrit sur ce projet là. Dès le mois de mars 2009, nous avons été contacté par la Mamounia pour réaliser leurs décors de Noël. Immédiatement j'ai voulu retranscrire la poésie et la magie du jardin de la Mamounia à l'intérieur de l'hôtel. Bien sûr pour ceux qui le connaissent, on est toujours subjugué par ce jardin de 8 hectares, en plein cœur de la Médina avec ses allées d'oliviers multi-centenaires, ses rosiers qui courent dessus, ses vergers, ses allées rectilignes. On retrouve un ordonnancement assez identique à l'intérieur de l'hôtel avec un hall central et plusieurs galeries qui partent sur les côtés.
J'ai voulu donc remettre le jardin à l'intérieur en créant des allées d'oliviers dans les galeries et un grand parterre d'oliviers au sein du Hall. Nous sommes allées dans des plantations d'oliviers qui devaient être arrachés ( pour planter des oliviers plus jeunes pour la culture d'olives ). Donc là pareil, on a fait de la récupération. On les a coupé, entièrement peints en or, avec un bain spécial de peinture fleur ( c'est une peinture qui convient parfaitement aux végétaux naturels ) réalisé par Jean Marc Lemoine, un garçon avec qui je travaille depuis 15 ans maintenant et qui possède une sensibilité et un savoir faire hors du commun. En trempant ses oliviers dans cette peinture, on avait l'impression, comme par enchantement qu'ils s'étaient transformés en or. On retrouvait ainsi cet esprit de jardin interdit, de jardin d'Aladin. On a tous dans nos mémoires le moment où Aladin descend dans la caverne où juste avant de découvrir la lampe il traverse ce verger d'arbres en or, avec des fruits de pierres précieuses.
Pour les fruits, nous avons joué complètement sur les transparences, afin d'amener aussi une vraie modernité dans ce décor, en utilisant des cristaux, des boules transparentes, le tout illuminé d'une lumière ambre.
Ce décor a rencontré un très grand succès à la fois par la Mamounia mais aussi par ses clients internationaux. On était vraiment dans l'objectif du Palace, c'est à dire de réaliser un décor de Noël, mais comme nous sommes au Maroc, le but n'était pas de mettre des sapins etc, cela aurait fait un peu saugrenu à l'intérieur mais vraiment avec ces oliviers et ces boules transparentes on avait cette magie du jardin de Noël.
Depuis la fête des mères, as tu des fleurs à nous conseiller ?
Cette année, comme nous avons souffert pendant l'hiver, la végétation a eu beaucoup de retard et a redémarré très doucement. La pivoine par exemple, sur la période de la fête des mères arrive en général en fin de saison. Cette année, elle arrive au cœur de la saison.
Privilégiez donc les pivoines qui sont extraordinaires et d'une qualité hors du commun.
Il y a eu un gros travail variétal de la part des producteurs où l'ont retrouve des variétés anciennes, comme Claude Tain ou Madame Bovary, avec des parfums très délicats.
Bien sûr aussi la rose de jardin est magnifique. Et pareil, comme le froid a duré, elle a poussé doucement et tient très bien cette année. Il y a toujours les grands classiques comme les orchidées ou les lys.
On a de très beaux fraisiers en pot, très jolis et ludiques sur une table de fête des mères.
Vraiment cette année, on bénéficie d'une très belle qualité de plantes.
Quelles sont les tendances actuelles ou les nouveautés que tu as découvertes récemment ?
On voit cette grande tendance qui arrive depuis 2 ans que hélas beaucoup de fleuristes n'ont pas encore intégré ou prise en compte c'est ce retour à un travail très naturel où simplement on magnifie la fleur en la jouant simplement sur les couleurs, les mélanges de dégradés, de feuillages. On va de plus en plus vers ce travail qui s'inscrit dans une démarche sociologique, plus naturel, moins sophistiqué et moins alambiqué.
A savoir que j'en suis très content puisque depuis toujours je m'inscris dans cette démarche là.
Les nouveautés aussi, c'est cette vraie recherche des producteurs de variétés anciennes de fleurs qui vont nous redonner des essences qu'on avait un peu oubliées que ce soit dans la rose de jardin, la pivoine, les pois de senteurs, le lys. On retrouve cette délicatesse dans des produits moins normés.. Bien sûr, on voit également la concurrence des discounteurs de plus en plus forte. L'inconvénient de ce marché là, c'est qu'il n'y a pas du tout une démarche produit mais uniquement une démarche prix. Leur seul souhait n'est pas de trouver un produit et le magnifier, c'est de trouver un prix le moins cher possible. Les conséquences ce sont de vraies dérives environnementales et sociales. C'est plutôt inquiétant, et comme leur part de marché grandit, on voit hélas aussi de petits producteurs disparaître. Le travail des grands fleuristes est vraiment de défendre et valoriser les produits, continuer à les avoir et ne pas avoir des fleurs normées, sans âme, sans vie, aux antipodes du message qu'elles doivent faire passer.
On peut avoir quelques inquiétudes sur le futur.
Bien sûr je suis pour une offre discount, il faut avoir des fleurs accessibles à tous les budgets mais je conseille vraiment aux consommateurs d'éviter d'acheter 10 roses qui ne dégagent aucune vie, aucun romantisme au profit de 5 ou 6 un peu plus grosses et plus belles. Aujourd'hui le consommateur a une responsabilité très importante et j'espère qu'il privilégiera le côté romantique et naturel des fleurs plutôt que ces fleurs cultivées dans de mauvaises conditions.
Et que penses tu de cette tendance actuelle de fleurs aux couleurs artificielles ?
Pour moi c'est le comble de l'horreur. Créer un artifice sur les roses par exemple ( comme la fluorescence ) va à l'encontre de toutes les démarches environnementales et sociales que la société veut défendre aujourd'hui. La fleur est là pour délivrer un message, et là on l'utilise comme un produit marketing. Ce n'est pas le but de la rose d'avoir une fluorescence la nuit, le but de la rose c'est de transmettre un message, gai ou triste, chaleureux, amical, amoureux et on choisit des variétés de rose pour exprimer ces divers sentiments.
En dehors de l'effet marketing, je ne comprends pas ces démarches là.
Les roses teintées existent depuis toujours évidemment, mais j'ai toujours combattu çà. On a la chance d'avoir des producteurs qui travaillent sur des variétés et des palettes le plus large possible de couleurs. Il y en a suffisamment dans le naturel pour qu'on n'ait pas besoin de colorer chimiquement une fleur.
On utilise des artifices pour créer un produit qui en soit n'a aucun intérêt au delà de l'aspect amusant.
On peut désormais te retrouver sur Facebook ou des sites communautaires. Tu as des attentes particulières de ces sites ?
Je suis venu sur ces forums communautaires pour élargir un petit peu mon métier, l'amener au cœur d'internet. Les réseaux sociaux sont aujourd'hui très importants et il était nécessaire que Pascal Mutel fleuriste y soit présent. C'est aussi une manière de découvrir un peu plus l'homme que le produit, c'est aussi le moyen de rencontrer des gens qui me parlent de leurs créations, d'éventuelles collaborations, de ce qu'ils imaginent ou pourraient avoir envie. C'est toujours intéressant de pouvoir échanger cette passion qu'est mon métier et cette passion qu'est la fleur.
Merci Pascal et à très bientôt !
Le début d'année est toujours assez riche d'évènements, cette année particulièrement.
Nous avons validé dans un premier temps la fermeture de la boutique d'Odéon et le recentrage de toutes nos activités sur la boutique atelier de Courcelles. On a préféré y recentrer toutes nos activités afin de bénéficier d'un meilleur contrôle qualité et une meilleure gestion des produits. Surtout, c'était l'occasion de mettre toutes nos équipes ensemble afin de créer une meilleur synergie tant sur la créativité que sur la productivité et ainsi pouvoir optimiser notre travail.
L'hiver ayant été particulièrement froid, le temps sombre et les températures très basses, cela nous a gêné dans notre choix de végétaux, avec une fleur très chère, pas exceptionnellement belle, des vraies problèmes de culture. On a donc dû travailler auprès de nos partenaires producteurs et importateurs pour trouver les meilleures fleurs..
En ce début d'année, également, nous avons organisé en Hollande avec nos clients privilégiés, une visite du marché d'Aalsmeer, le plus grand marché aux fleurs du monde et la visite de producteurs inscrits dans le développement durable : pourquoi certaines roses sont plus chères que d'autres, plus belles également...
C'était intéressant de voir une production de fleurs en serres qui malgré tout s'inscrit dans un indice carbone négatif puisqu'il y a du rachat de Co2, récupération d'énergie etc.
On veut réellement renouveler cette expérience très enrichissante puisque les clients ont pu mesurer à la fois le circuit logistique, à la fois l'approche qualitative et en même temps approcher le développement durable.
Ce printemps a été marqué également par la signature du contrat avec le Shangri-La , qui ouvrira au mois d'octobre, ce qui nous a beaucoup occupé en ce début d'année sur la création de l'identité florale etc. Nous en sommes encore à l'ébauche de ce travail mais c'était justement très intéressant de travailler depuis un chantier complet. Nous avons pu bien appréhender et comprendre l'esprit que Shangri-La voulait donner à son hôtel parisien, le caractère historique du lieu et en même temps, comment, nous, nous pouvions nous inscrire dans cette réponse et créer une identité propre au lieu. Ce travail se poursuit actuellement pour réellement aboutir en Octobre.
Le printemps c'est aussi le moment où l'on travaille sur les grands décors de Noël compte tenu des importations, principalement de Chine. On doit boucler les grands décors de Noël prochain avant la fin avril. Comme dans la couture, la mode, on travaille très en avance afin de garantir à nos clients l'aboutissement de ces propositions.
Enfin, le soleil revient, on retrouve toute notre palette riche d'odeurs et de couleurs, des premiers verts acidulés aux verts plus sombres, les premières fleurs de jardin qui arrivent etc. On retrouve nos fleurs de producteurs locaux, avec lesquels on travaille depuis des années aussi bien sur les choix variétaux qu'ils peuvent envisager que sur les plans de culture...
On commence également la période des mariages, avec des beaux mariages notamment au Château de Condé, au Pré Catelan... On a l'impression que le mariage garde une identité forte, et on sent bien que les gens veulent faire de cet évènement un moment unique et personnalisé. On s'inscrit toujours dans cette démarche et mai/juin reste toujours une période riche en mariages.
Dans le grand évènementiel, tu as réalisé la déco de Noël d'un grand palace au Maroc, la Mamounia, peux tu nous expliquer comment se prépare un tel projet de l'autre côté de la méditerranée ?
C'était un projet très intéressant, tout d'abord parce que j'ai un attachement tout particulier pour la Mamounia, un hôtel que je connais depuis très longtemps ( il a fermé 3 ans pour réouvrir effectivement au sommet du luxe en se classant meilleur hôtel du monde ). Très tôt on a été inscrit sur ce projet là. Dès le mois de mars 2009, nous avons été contacté par la Mamounia pour réaliser leurs décors de Noël. Immédiatement j'ai voulu retranscrire la poésie et la magie du jardin de la Mamounia à l'intérieur de l'hôtel. Bien sûr pour ceux qui le connaissent, on est toujours subjugué par ce jardin de 8 hectares, en plein cœur de la Médina avec ses allées d'oliviers multi-centenaires, ses rosiers qui courent dessus, ses vergers, ses allées rectilignes. On retrouve un ordonnancement assez identique à l'intérieur de l'hôtel avec un hall central et plusieurs galeries qui partent sur les côtés.
J'ai voulu donc remettre le jardin à l'intérieur en créant des allées d'oliviers dans les galeries et un grand parterre d'oliviers au sein du Hall. Nous sommes allées dans des plantations d'oliviers qui devaient être arrachés ( pour planter des oliviers plus jeunes pour la culture d'olives ). Donc là pareil, on a fait de la récupération. On les a coupé, entièrement peints en or, avec un bain spécial de peinture fleur ( c'est une peinture qui convient parfaitement aux végétaux naturels ) réalisé par Jean Marc Lemoine, un garçon avec qui je travaille depuis 15 ans maintenant et qui possède une sensibilité et un savoir faire hors du commun. En trempant ses oliviers dans cette peinture, on avait l'impression, comme par enchantement qu'ils s'étaient transformés en or. On retrouvait ainsi cet esprit de jardin interdit, de jardin d'Aladin. On a tous dans nos mémoires le moment où Aladin descend dans la caverne où juste avant de découvrir la lampe il traverse ce verger d'arbres en or, avec des fruits de pierres précieuses.
Pour les fruits, nous avons joué complètement sur les transparences, afin d'amener aussi une vraie modernité dans ce décor, en utilisant des cristaux, des boules transparentes, le tout illuminé d'une lumière ambre.
Ce décor a rencontré un très grand succès à la fois par la Mamounia mais aussi par ses clients internationaux. On était vraiment dans l'objectif du Palace, c'est à dire de réaliser un décor de Noël, mais comme nous sommes au Maroc, le but n'était pas de mettre des sapins etc, cela aurait fait un peu saugrenu à l'intérieur mais vraiment avec ces oliviers et ces boules transparentes on avait cette magie du jardin de Noël.
Depuis la fête des mères, as tu des fleurs à nous conseiller ?
Cette année, comme nous avons souffert pendant l'hiver, la végétation a eu beaucoup de retard et a redémarré très doucement. La pivoine par exemple, sur la période de la fête des mères arrive en général en fin de saison. Cette année, elle arrive au cœur de la saison.
Privilégiez donc les pivoines qui sont extraordinaires et d'une qualité hors du commun.
Il y a eu un gros travail variétal de la part des producteurs où l'ont retrouve des variétés anciennes, comme Claude Tain ou Madame Bovary, avec des parfums très délicats.
Bien sûr aussi la rose de jardin est magnifique. Et pareil, comme le froid a duré, elle a poussé doucement et tient très bien cette année. Il y a toujours les grands classiques comme les orchidées ou les lys.
On a de très beaux fraisiers en pot, très jolis et ludiques sur une table de fête des mères.
Vraiment cette année, on bénéficie d'une très belle qualité de plantes.
Quelles sont les tendances actuelles ou les nouveautés que tu as découvertes récemment ?
On voit cette grande tendance qui arrive depuis 2 ans que hélas beaucoup de fleuristes n'ont pas encore intégré ou prise en compte c'est ce retour à un travail très naturel où simplement on magnifie la fleur en la jouant simplement sur les couleurs, les mélanges de dégradés, de feuillages. On va de plus en plus vers ce travail qui s'inscrit dans une démarche sociologique, plus naturel, moins sophistiqué et moins alambiqué.
A savoir que j'en suis très content puisque depuis toujours je m'inscris dans cette démarche là.
Les nouveautés aussi, c'est cette vraie recherche des producteurs de variétés anciennes de fleurs qui vont nous redonner des essences qu'on avait un peu oubliées que ce soit dans la rose de jardin, la pivoine, les pois de senteurs, le lys. On retrouve cette délicatesse dans des produits moins normés.. Bien sûr, on voit également la concurrence des discounteurs de plus en plus forte. L'inconvénient de ce marché là, c'est qu'il n'y a pas du tout une démarche produit mais uniquement une démarche prix. Leur seul souhait n'est pas de trouver un produit et le magnifier, c'est de trouver un prix le moins cher possible. Les conséquences ce sont de vraies dérives environnementales et sociales. C'est plutôt inquiétant, et comme leur part de marché grandit, on voit hélas aussi de petits producteurs disparaître. Le travail des grands fleuristes est vraiment de défendre et valoriser les produits, continuer à les avoir et ne pas avoir des fleurs normées, sans âme, sans vie, aux antipodes du message qu'elles doivent faire passer.
On peut avoir quelques inquiétudes sur le futur.
Bien sûr je suis pour une offre discount, il faut avoir des fleurs accessibles à tous les budgets mais je conseille vraiment aux consommateurs d'éviter d'acheter 10 roses qui ne dégagent aucune vie, aucun romantisme au profit de 5 ou 6 un peu plus grosses et plus belles. Aujourd'hui le consommateur a une responsabilité très importante et j'espère qu'il privilégiera le côté romantique et naturel des fleurs plutôt que ces fleurs cultivées dans de mauvaises conditions.
Et que penses tu de cette tendance actuelle de fleurs aux couleurs artificielles ?
Pour moi c'est le comble de l'horreur. Créer un artifice sur les roses par exemple ( comme la fluorescence ) va à l'encontre de toutes les démarches environnementales et sociales que la société veut défendre aujourd'hui. La fleur est là pour délivrer un message, et là on l'utilise comme un produit marketing. Ce n'est pas le but de la rose d'avoir une fluorescence la nuit, le but de la rose c'est de transmettre un message, gai ou triste, chaleureux, amical, amoureux et on choisit des variétés de rose pour exprimer ces divers sentiments.
En dehors de l'effet marketing, je ne comprends pas ces démarches là.
Les roses teintées existent depuis toujours évidemment, mais j'ai toujours combattu çà. On a la chance d'avoir des producteurs qui travaillent sur des variétés et des palettes le plus large possible de couleurs. Il y en a suffisamment dans le naturel pour qu'on n'ait pas besoin de colorer chimiquement une fleur.
On utilise des artifices pour créer un produit qui en soit n'a aucun intérêt au delà de l'aspect amusant.
On peut désormais te retrouver sur Facebook ou des sites communautaires. Tu as des attentes particulières de ces sites ?
Je suis venu sur ces forums communautaires pour élargir un petit peu mon métier, l'amener au cœur d'internet. Les réseaux sociaux sont aujourd'hui très importants et il était nécessaire que Pascal Mutel fleuriste y soit présent. C'est aussi une manière de découvrir un peu plus l'homme que le produit, c'est aussi le moyen de rencontrer des gens qui me parlent de leurs créations, d'éventuelles collaborations, de ce qu'ils imaginent ou pourraient avoir envie. C'est toujours intéressant de pouvoir échanger cette passion qu'est mon métier et cette passion qu'est la fleur.
Merci Pascal et à très bientôt !