Pascal Mutel : Interview Automne 2009

1 Bonjour Pascal, peux tu nous faire un bilan de l’année 2009 économiquement et artistiquement ? Economiquement comme tout le monde on a subi la crise avec une baisse d’activité chez nos clients, plus particulièrement dans l’évènementiel au premier semestre et chez nos clients palace, grands restaurants. Artistiquement nous avons eu moins de grandes opérations dans lesquelles on pouvait vraiment "s’éclater".
En revanche la consommation des particuliers en boutiques est restée stable. Notre force c’est avoir maintenu une offre extrêmement forte et attractive, avec une sélection toujours plus pointue par exemple de roses de jardins, de pivoines etc. Nous avons accentué toute la décoration des boutiques en jouant davantage sur les saisons.
Mais finalement les périodes de crise sont aussi bénéfiques, elles permettent de se remettre en question, d’approcher et appréhender différemment les choses. Maintenant on sent des frémissements, on a de nouveau des demandes.


2 Malgré la crise, tu vas réaliser de gros décors fin 2009, peux tu nous en dire plus ?
On va en effet finir 2009 sur un grand décor de fin d’année, Noël et Jour de l’An pour la Mamounia, le mythique palace qui vient juste de réouvrir au Maroc. C’est un décor très important avec un thème passionnant : autour d’un jardin d’Aladin, jardin interdit qui va être vraiment magique.
Nous allons également nous occuper de l’inauguration de la boutique Richmond rue du Faubourg Saint Honoré. La fin d’année va donc être très riche en évènements et un début d’année 2010 qui devrait aussi être enrichissant. Nous espérons réaliser un décor de printemps pour la Mamounia, et en parallèle nous avons de nombreuses pistes. Espérons que tout se concrétisera.

3 Explique nous ce que tu as prévu en boutique pour Noël 2009 ?
Noel revêt une importance primordiale chez nous. Particulièrement cette année en cette période de crise, Noël prend une dimension plus importante, les gens cherchant plus de féérie. Dans cette perspective, nous avons accentué toutes les décorations avec des thèmes très précis. Nous avons réalisé un thème autour des bleus, émeraude, avec des couleurs plumes de paon, couleur nuit. C’est un thème très nouveau chez nous, à la fois semi naturel, avec des tons vert bleu, vert feuillage et à la fois semi sophistiqué avec des couleurs moirées.Comme toujours on va retrouver beaucoup de guirlandes dans nos boutiques : des végétales avec du houx, des baies de genièvre, du sapin, du lierre. C’est important d’en avoir un très grand choix, leur utilisation étant très variée et très ludique : on peut les mettre sur une rampe d’escalier, une cheminée, à parcourir la table. Nous avons également mis l’accent cette année sur l’environnement. Toutes les guirlandes électriques sont des guirlandes LED qui consomment 17 fois moins qu’une guirlande traditionnelle. Pour les boules, c’est pareil, on privilégie les boules en verre plutôt que les plastiques. A chaque fois on a donc essayé d’avoir une approche environnementale.
Pour nos clients et surtout les collectionneurs qui sont nombreux à venir à notre adresse pendant cette période, nous allons disposer d’une grande collection de Pères Noël. Beaucoup de nouveautés donc dans les objets déco, dans les guirlandes, boules, Pères noël, différentes ambiances avec un thème bois, un thème or, argent etc.

4 Des innovations en ce moment dans le domaine de la fleur ?
Se poursuit le mouvement de saisonnalité. Forcément crise oblige, on revient un peu aux fleurs de saison. Le discours sur le développement durable y est aussi pour quelque chose, les clients se sentent concernés. C’est toujours plus intéressant d’acquérir des fleurs de saison, parce qu’elles sont plus belles, moins chers et qu’on peut se faire plus plaisir. Se poursuit aussi la grande tendance de remettre au goût du jour les variétés anciennes. On voit çà dans le dahlia, la rose, la pivoine. On remet en culture des variétés tombées en désuétude ou quasiment abandonnées.

5 Est-ce le même principe que les légumes anciens qui reviennent au goût du jour ?
Plus que dans les légumes, dans la fleur on retrouve un choix beaucoup plus large. On va rechercher des variétés anciennes qu’on ne trouvait plus, parce qu’elles produisaient moins par exemple - et dans la surenchère de la production, il fallait qu’on produise droit, stéréotypé- alors qu’aujourd’hui on recherche plus naturel, qui ne pousse pas nécessairement tout droit, la tige peut être un peu tordue, les couleurs un peu irrégulières. C’est tout ce qui fait son charme. Justement. Ce produit est moins stéréotypé, moins normé et plus en harmonie avec la nature. On a aussi des variétés anciennes qui sont retravaillées pour redonner de nouvelles variétés, donc là avec une vraie innovation et un choix extraordinaire. Je pense par exemple aux hortensias, dahlias, aux roses, ou aux roses anglaises qu’on ne travaillait jamais en fleurs coupées il y a 10 ans.
Les clients s’aperçoivent aussi qu’une rose un peu plus ouverte, qui sent bon, qui raconte une vraie histoire, même si elle tient moins longtemps, est plus agréable qu’une rose normée, d’importation sans poésie ni âme qui va pas bouger pendant 8 jours.

6 Des envies, des projets pour l’année 2010 ?
J’aimerais m’orienter davantage vers la formation à travers l’école de la Piverdière, m’investir encore plus dans cette démarche en France et à l’étranger, surtout au Japon. J’aimerais donc y consacrer plus de temps en 2010, d’autant plus que maintenant j’anime les masters de la Piverdière et que je suis président de jury de grandes manifestations.  Je vais accentuer l’aspect interprofessionnel et formations dans l’idée de redonner et partager tout ce que ce métier m’a apporté.