Interview de Printemps 2016 avec Pascal Mutel



INTERVIEW PRINTEMPS 2016 AVEC PASCAL MUTEL

Petit retour sur l'année 2015. Les évènements tragiques que nous avons vécu en France en janvier et en novembre ont eu des répercussions économiques dans le tourisme notamment. Comment l'avez vous vécu dans le secteur de la fleur et toi plus personnellement dans ton activité ?

Il est évident que les évènements hélas dramatiques que nous avons vécus à Paris ont beaucoup fait bouger la fréquentation des étrangers dans la capitale, particulièrement la clientèle américaine, japonaise mais aussi chinoise et asiatique dans sa globalité. Il y avait eu une reprise à partir du mois de mai 2015 où l’effet des attentats du mois de janvier s’était un petit peu estompé, les étrangers revenaient. Les attentats du mois de novembre ont suivi et mis vraiment un coup dramatique au business lié au tourisme particulièrement. Nos clients, que ce soient les palaces, les grands restaurants ou les maisons de luxe ont beaucoup souffert de ce manque d’étrangers à Paris.
Chez Pascal Mutel, nous avons eu malgré tout et heureusement quelques très beaux évènements. Des mois très forts ont permis de clôturer l’année 2015 avec une progression.
Un bilan donc en demi-teinte globalement. Il a fallu réagir et s’adapter.

Nous sommes au printemps, peux-tu nous établir un premier bilan pour ce premier trimestre et comment perçois-tu l'année 2016 économiquement pour la fleur ?

Ce premier trimestre n’est pas très bon, avec bien entendu le contrecoup des attentats du mois de novembre. Historiquement le premier trimestre est toujours un peu faible, mais cette année particulièrement, il est négatif. La baisse de fréquentation des étrangers en Europe, hormis Londres s’est encore accentuée suite aux attentats de Bruxelles. Donc pour 2016, des inquiétudes. On voit vraiment une désertion des touristes, un contexte économique et un climat global difficile.
On espère, avec l’Euro qui va s’organiser, que la saison va bien reprendre. Pour le moment tous les secteurs liés au tourisme souffrent beaucoup.
On garde bon espoir et heureusement de nouveaux clients ont rejoint la maison et nous font confiance.         

On te sait très impliqué dans ton secteur notamment avec la fédération des fleuristes. Cette dernière risque de disparaître. Peux-tu nous en parler ?

Il y a une volonté gouvernementale de réduire le nombre de branches professionnelles afin de réduire le nombre de conventions collectives et de simplifier le droit du travail.  A ce jour la convention collective des fleuristes est défendue par la fédération et la chambre syndicale des fleuristes de Paris. On est donc très inquiet pour cette défense professionnelle car effectivement si la représentation des fleuristes au sein de ces organismes interprofessionnels n’est pas suffisante, on sera rattaché à d’autres conventions collectives et à d’autres métiers. Le risque serait d’être rattaché à la grande distribution ce qui serait dramatique puisqu’évidemment les souhaits et les normes de la grande distribution ne sont pas forcément compatibles avec les normes et les souhaits du commerce de détail.   
On essaie d’être très actif sur ce sujet.
En tant que 1er vice-président de la chambre syndicale des fleuristes depuis maintenant plus de 7 ans, je suis également très impliqué dans cette défense professionnelle. Il faut garder la spécificité du fleuriste de détail pour pouvoir défendre notre savoir-faire et notre artisanat. Il est très important de mener cette bataille-là.    

Tu as participé de nombreuses fois à des émissions TV notamment "Comment ça va bien ?" sur France 2 de Stéphane Bern. Peux-tu nous dire comment se prépare une émission de ce genre ?

Nous choisissons ensemble un thème qu’on va dérouler au cours de l’émission, ce qui est très agréable grâce à l’équipe de la production de l’émission « Comment ça va bien ? » vraiment très professionnelle, dans l’échange et la confiance. On pouvait développer les thèmes dont on avait envie, bien entendu en collaboration avec elle. Ils ont l’expérience du timing pour la télé, des thèmes à aborder etc.
Un travail très agréable à la fois à titre personnel mais aussi professionnel. Ce fut un plaisir de montrer le savoir-faire des fleuristes et de mettre la fleur en avant ! Tant Stéphane Bern que ses chroniqueurs ont été très sympathiques, sensibles à la fleur et nous ont toujours réservé un accueil favorable. Et je tiens à les en remercier.    
Des évènements marquants auxquels tu as participé ?

Avec le Village Royal, on souhaitait vraiment mettre en avant le Nouvel An Chinois (début février). Pour cet évènement, on nous a fait confiance pour développer une très grosse décoration et une scénique importante. J’ai fait fabriquer des très gros lampadaires chinois, remplacer les lampadaires parisiens d’esprit haussmannien par ces lampadaires chinois qui créent vraiment l’ambiance d’un passage, la mise en place d’un jardin de thème asiatique...On se serait vraiment cru en Asie.
Un gros travail sur toute une semaine de nos équipes pour cette opération qui était vraiment superbe.
La Saint Valentin également a été très agréable une fois de plus, parce qu’en dehors des vacances scolaires, avec une fleur au rendez-vous en terme de qualité.  

Actuellement nous sommes sur la préparation de mariages, de divers évènements corporate, de grands dîners de gala qui devraient, d’ici mai juin, faire démarrer la saison des évènements.

Tes fleurs du moment ?

Mes coups de cœur en ce moment…. La production de la région parisienne commence à revenir. C’est vrai que j’ai toujours mis en avant cette production là qui est faite par des petits producteurs et qui se situe dans la région parisienne, principalement dans le 77, en Seine et Marne, un peu dans l’Essonne. C’est vrai que le savoir-faire de ces producteurs est assez extraordinaire.
L’avantage c’est d’abord une fraicheur du produit, cueilli le midi, acheté le lendemain. Il n’y a pas d’intermédiaires, le transport et la vente sur le marché de Rungis sont faits par eux-mêmes, ce qui permet de cueillir des produits à une meilleure maturité, de grande qualité et rares.

La saison démarre vraiment, les premières pivoines du midi arrivent, les feuillages acidulés, le cerisier,  le pommier, etc. Immédiatement le printemps rentre dans les maisons ce qui est très plaisant.
On commence à avoir aussi des fleurs moins calibrées, moins structurées, plus nature et sauvages.               

Tes prochains projets ?

Développer l'esprit de l'art floral à la française, en Corée. Nous allons partir en mai suivi d'une grande session en juillet. Je vais aller y dispenser des cours pendant plusieurs semaines. On a une vraie spécificité en France sur le travail des fleurs, un esprit très romantique, bucolique. Ce savoir-faire qui correspond aussi à une manière de vivre, une manière d'être. On va donc faire connaître la fleur et l'art floral à la Française. Ce sera donc à Séoul et une expérience très enrichissante.